car radio ,.
respire bordel
tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
j'ai vu tous les soleils y venir se mirer
s'y jeter
à mourir tous les désespérés
Le coup de genoux dans son nez provoque immédiatement un saignement. Et b a m, le sang coule jusqu’à ses lèvres pour les colorier d'un ton rouge vif. Susanoo grimace. Merde, fais chier -- il est définitivement en train de se faire battre.
Et il ne peut strictement rien faire.
Son adversaire est bien trop fort par rapport à lui.
C'est comme une souris contre un chat, une souris contre un aigle --
Il va définitivement perdre —
Faut bien être bavard pour arrêter de t'entendre. Ta voix me crève les tympans (Susanoo ne dit rien, trop occupé à essayer de retrouver sa respiration -- et franchement, il n'a absolument pas envie de tenter la moindre réplique, même si la remarque lui a décroché un sourire) ah ouais, et si j'te lâche, t'en profites pour détaler, pas vrai ? Me prends pas pour un abruti, j'te l'ai déjà dit (t'es un abruti, mec pense Susanoo, qui n'a même pas le temps de le dire à voix haute car son adversaire le fait chuter lamentablement au sol -- minuscule, minuscule) J'te laisse une seconde chance, mec.
Et il s'accroupit --
Littéralement --
Sur le torse de Susanoo.
Sa respiration est presque coupée, il ne peut quasiment plus respirer.
Merde--merde-merde--merde.
Attrape la balle et sans faire d'histoire. Si tu merdes, crois moi, l'hôpital, t'iras pas une fois.
— T'es -- pas logique.
C'est dit dans un souffle.
Il est incapable de faire le moindre mouvement.
Il porte son regard sur son adversaire.
Susanoo ne l'a jamais vu avant -- ni dans un centre commercial, ni pendant l'une de ses innombrables balades nocturnes. Il ne sait vraiment pas qui est ce type. Ni son prénom, ni son âge, ni ce qu'il fait dans la vie. Il l’observe, laisse glisser son regard sur les traits du jeune homme. Il semble énervé, en colère, comme rongé par une haine que Susanoo ne peut pas définir -- il ne le connait pas, après tout.
— Tu me demandes (il grimace légèrement, essaye de reprendre son souffle) d'aller chercher une balle mais tu (respiration saccadée) -- tu m'empêches de bouger.
Abruti.
Mais ça, il l'a pas sorti.
Il joue sur les mots de l'inconnu.
Il ne compte absolument pas aller chercher cette maudite balle -- mais il compte bien en revanche se libérer de l'autre.
Pas forcément pour s'enfuir.
Mais pour rester libre.
Susanoo est trop libre pour rester enfermé.
Il tourne légèrement la tête, il voit que les gens sur le terrain se sont arrêtés et regardent dans leur direction. Peut-être -- peut-être qu'ils vont venir, il sait pas. Il ne va pas les appeler car Susanoo a trop de fierté pour appeler à l'aide -- excepté son frère.
Il reporte ses yeux sur l'inconnu.
Il semble encore plus grand de son point de vue --
Tu m'étonnes, Susanoo -- t'es à terre comme un pauvre type qui vient de se prendre une raclée, évidemment que l'autre apparaît comme le gagnant puisque là, t'es clairement pas dans la meilleure position.
Voyant que son adversaire compte pas bouger (espérant probablement que Susanoo va trouver un moyen de prendre la balle sans pouvoir bouger), Susanoo reprend sa respiration, essaye de se dégager légèrement mais n'arrive pas à se décaler d'un centimètre.
Echec.
— Eh, heureusement que j'ai pas un rencard ce soir, lâche-t-il dans un sourire, mi-crispé par la douleur, mi-ironique -- commentaire de tocard, il le sait.
Mais Susanoo est toujours comme ça.
Il est agaçant, il est provoquant.
Il a le visage griffé, il sait qu'il va devoir mettre des pansements de partout.
Il s'humecte les lèvres.
Il regarde l'inconnu.
Il plonge son regard dans le sien.
— Pourquoi tu fais ça ?
Mec.
J'te connais pas, j'sais pas qui t'es.
Mais pourquoi tu fais ça, sérieux ? —